Après tant d’éloges et de nostalgie, je vais sortir la plume et arroser de compliments à mon tour 😉
Début février, le Matty Marshall du Paintball français, Lyonnel Parra, pris d’un coup de nostalgie décide de lancer un sondage auprès de joueurs, arbitres, entraineurs du monde du Paintball afin de recueillir leurs votes sur le top 10 des joueurs français ever.
Il en ressort
10 – Sebastien Duvivier
9- Fabrice Halmoné
8- Franck Chambon
7- Lyonnel Parra
6- Frank Mouren
5- Frederic Halmoné
4- Loic Voulot
3- Kevin Coulm
2- Axel Gaudin
1- Fabrice Colombo
Alors moi je ne vais pas discuter de ce qui est mérité ou pas, je vais juste essayer de dire quelques mots sur certains de ces joueurs avec qui j’ai pu être sur le terrain quelques fois.
J’ai rencontré Sebastien Duvivier très tôt dans ma carrière, un choc de culture entre un jeune « mécanique »( 😉 ) qui n’a aucune expérience à part des milliers de snap shoots et de 1vs1 et un vieux Briscard qui a joué aux USA contre les meilleurs joueurs du monde. Les deux ont de très forte convictions et un caractère trempé (surtout lui 😛 ) et nos relations sont parfois tumultueuses.

Ça se passe à 6’55
Le lien de cette scène de Tarantino XD : https://www.dailymotion.com/video/x2bebx
Malgré nos désaccords, j’ai beaucoup appris de Sebastien qui était un joueur très fort. Avec son caractère venait une envie débordante de gagner, un vrai compétiteur qui a du mal à accepter la défaite. Seb c’était une forte présence sur un terrain, un sens du jeu très développé grâce à sa traversée des âges (7 men, X-ball, USA, Europe, etc), et un shoot très pertinent. Un shoot instinctif, spontané et déstabilisant.
Quand on est jeune, qu’on a une technique bien supérieure à la moyenne et qu’on se fait enterrer par ce genre de joueur, ça fait bizarre. Alors on rentre chez soi le dimanche soir, la queue entre les jambes, on se refait le film et on revient plus fort, ou alors on arrête.
C’est le genre de joueur qui ne va t’accorder aucun crédit en te rencontrant, qui va te défier par son charisme naturel, et c’est à toi d’être assez solide pour de faire ta place et lui prouver que tu es quelqu’un.
Je ne parlerai pas de Fabrice Halmoné car je ne le connais pas et que je ne l’ai quasiment jamais vu jouer.
Franck Chambon c’est mon antithèse, c’est un joueur talentueux qui, de par son caractère, son physique et des aptitudes innées, s’impose rapidement parmi les meilleurs.
C’est un joueur qui vit pour son maillot et ses coéquipiers, tout ce qui n’est pas dans son équipe il le voit rouge (ça il l’a peut être appris de Moana Dubray).
Franck c’est un joueur dominant, dominant naturellement, un joueur qui a un volume de jeu, un flow, une agressivité, une spontanéité rare. Les ricains disent de ce genre de joueurs : « in your face player ».
Tu tournes la tête et c’est trop tard, quelques secondes plus tard il te casse la bouche.
Franck c’est un joueur pas toujours facile à coacher car il a son humeur et il peut facilement sortir de son tournoi.
Par contre, quand il a fait sa sieste et qu’il a envie, tu le mets face à Rabackoff, Goldman et Brown et tu es serein.
C’était un plaisir de jouer avec lui, de par nos différence de styles de jeu j’ai énormément appris à ses côtés. Baller!
Lyonnel Parra c’est le Matty Marshall français, il n’a jamais été connu pour être un joueur particulièrement dominant au très haut niveau, mais c’est un joueur qui a construit la culture de son sport dans son pays, un joueur qui a une passion intarissable, un joueur qui conte les histoires mieux que les autres.
Lyonnel c’est quelqu’un qui a un grand coeur, qui donne beaucoup autour de lui, tout le temps. C’est une énergie positive dont on a du mal à se passer une fois qu’on a essayé. Quand j’avais 17 ans et pas un franc, Lyonnel m’a invité au restaurant un nombre de fois incalculable, ça peut paraître bête mais c’est des choses que je n’oublie pas et j’espère rendre la pareille à un jeune un jour.
Lyonnel c’est une confiance en soi hors norme, choquante, parfois agaçante, mais tellement sincère et profonde qu’elle en devient admirable. Je me souviens de Romain Pouzet qui a perdu 50 euros car Lyonnel avait parié qu’il pouvait faire un grand écart à froid. XD. Ou quand il avait défié mon frère en Snap car Yann lui avait manqué de respect. (Lyonnel avait perdu mais la démarche était admirable 🙂 )
Lyonnel c’est quelqu’un qui m’a appris à avoir confiance en moi et l’assumer, pas à son niveau mais à un niveau supérieur de là où j’étais. Lyonnel c’est quelqu’un qui m’a inspiré par son charisme, sa passion et sa générosité.
Côté Paintball, en 2008 il m’a dumpé dans le snake à l’entrainement et il m’a mis une bille dans le backpack. J’étais le dernier joueur sur le terrain, je lui ai demandé : « pourquoi tu as fait ça ? Tu aurais pu me découper!!? »
Au début de ma carrière j’étais méchant, tout le temps, souvent pour rien. Par la suite j’ai essayé d’être plus intelligent, plus gentleman, entre autre grâce à lui. Lyonnel m’a appris l’importance de visualiser les choses à l’avance et d’être convaincu que les trois premières billes qui allaient sortir de mon canon aller faire mouche, je m’en suis servi toute ma carrière.
Lyonnel c’est un gros QI Paintball, un joueur qui comprend le jeu, un joueur qui a besoin d’être entouré par de la force de frappe technique pour pouvoir s’exprimer, et c’est quelque chose qu’il n’a pas toujours eu. Tu le mets avec 4 TonTon autour de lui c’est un autre joueur. Je t’aime bien même si je suis pas dans ton top 5 grand bouche! ( tout ça parce que j’ai brûlé ton bonnet il y a presque 10 ans :D)
Frank Mouren aussi m’a payé à manger, quand j’avais 15 ans, sur la route de mon premier tournoi Européen. Je m’en souviens comme si c’était hier, c’était sincère et généreux, attentionné.
J’ai osé appelé Tava « capo de tutti capi » mais en vrai c’est Frank le véritable.

Quand j’avais 17 ans, j’ai vu Frank se faire arnaquer dans un bureau de change à Prague puis je l’ai vu devenir fou de rage. Il a versé sa bouteille de Coca dans la petite urne où le guichetier avait fait passer les billets quelques minutes avant. On a du le calmer pour continuer notre soirée.
Tu l’as compris, Frank il aime pas se faire b****. 🙂
Quand tu passes une journée avec Frank c’est comme regarder 2 films cultes d’affilés, tu te régales et tu en prends plein la vue. Frank je l’ai vu rentrer dans le camion réfrigéré de bille sur un tournoi en faisant un scandal car il savait qu’on lui cachait la meilleure bille du tournoi. J’ai connu Frank sur la fin de sa carrière, il ne m’a jamais fait peur sur le terrain, par contre j’ai vite compris que je préférais qu’il ne soit pas dans l’équipe adverse, car ça changeait la donne. Il savait se faire respecter par un Américain péteux ou par le chef des arbitres. Il avait une excellente compréhension du jeu, de ce qu’il fallait faire pour gagner. Parfois il venait me parler avant un gros match ICON vs TONTON. Il venait avec un grand sourire et il me demandait des trucs, il me parlait de tout et de rien, me posait des questions improbables, il essayait de me déstabiliser et parfois il y arrivait.
Frank c’est une personne que tu veux dans ton équipe car tu sais qu’il va donner une importance incroyable au plus petit détail. Pas parce que c’est un maniaque, simplement car il ne veut rien d’autre que gagner.
Frank c’est que du charisme, toujours le bon mot, le petit jeu, la bonne répartie. Un personnage de film!

Fred Halmoné, je vais être bref car je le connais peu, je le connais mieux à travers le DVD de Cereal Killer que j’ai vu des centaines de fois et qui m’a mis des étoiles dans les yeux que dans le vraie vie.
Il a été le premier joueur français à s’exporter dans la meilleure ligue du monde, il a ouvert la voie aux suivants dont j’ai fait partie donc je le remercie et je lui souhaite bon vent!
Loic Voulot et moi c’est l’histoire de deux joueurs de Foot, l’un joue au Barça, l’autre joue au Real, et ils se détestent!
Puis un jour la vie fait qu’ils se retrouvent dans la même équipe, dans la même chambre d’hôtel. Alors ils enterrent la hache de guerre et ils se découvrent des passions communes, celle du Paintball, celle du sport et celle de gagner. Loic c’est une personne qui a voué sa vie au Paintball, il a fait plus de sacrifices que la plupart des joueurs français. Ah j’oubliais un autre point commun avec moi : son manque de talent. Comme moi, Loic n’est pas un Tava ou un Chambon, il a besoin de travailler pour être performant, il a besoin de s’entêter, de chercher, et il le fait à merveille. Quand il butte sur un problème il ne lâche pas l’affaire, il s’obstine jusqu’à ce qu’il trouve la solution.
Loic c’est une pièce maitresse d’une équipe de Paintball, c’est une joueur collectif qui apporte une présence et un volume énorme sur un terrain. Dans un sport collectif c’est souvent difficile de trouver des joueurs qui prennent plaisir à jouer pour les autres. La plupart préfère tuer, scorer, briller. Lui c’est un joueur de l’ombre qui travaille pour que les gens autour de lui soient meilleur. C’est un avant au Rugby, c’est un défenseur au Football. Loic c’est une pièce maitresse pour une équipe car son entraineur sait que ce joueur ne va pas faire le choix egoiste sur le terrain, et ça c’est essentiel dans un collectif.
S’il avait connu le championnat Américain plus tôt dans sa carrière et dans de bonnes conditions, il aurait été un des meilleurs arrière du monde. Ce fut un plaisir d’être sur un terrain à ses côtés, chapeau bas Voogle! 😉
Axel Gaudin l’enfant prodige, c’est un joueur avec qui j’ai eu la chance de jouer pendant 3 saisons dont une Europe & USA (2015).
La première fois que je l’ai vu jouer c’était à Antalya en Turquie en 2009, première fois qu’on le voit en CPL. Il joue chez Vision. On me glisse à l’oreille qu’il y a un nouveau jeune qui a 12 ans et qui est chaud bouillant, du haut de mes 18 ans je ricane d’un air hautain. Puis je le vois jouer dans les voiles sur ce tournoi, Vision joue le maintien, l’équipe est clairement en difficulté donc ce n’est pas les conditions idéales pour Axel, pourtant sa prestation est intéressante, voire solide. Ce jour là je me suis dis qu’on allait revoir sa gueule.
Axel c’est d’abord des capacités techniques et athlétiques étourdissantes, il a été pensé pour jouer au Paintball dès l’usine, il fait des choses que personne d’autre ne peut faire dans un Snake ou ailleurs (sauf dans le centre 😉 ). Des joueurs avec des caractéristiques techniques et physiques bluffantes, j’en ai vu, pas tous les jours, mais ça arrivait de temps à autre d’en voir apparaitre, mais il faut bien se dire que cela ne suffisait pas à l’exigence des meilleurs joueurs mondiaux. Pour prétendre évoluer dans cette ligue, il faut dépasser le statut de joueur agressif et rapide et il faut développer d’autres compétences; et ça Axel l’a fait à merveille.
Au delà d’être un excellent technicien dans un Snake, Axel a développé un des plus gros « QI Snake » que j’ai vu de ma vie. Il arrive non seulement à l’intellectualiser et comprendre ce qu’il faut faire idéalement mais en plus de ça il est capable de l’exécuter dans un moment d’extrême tension.
Axel est arrivé chez les pros avec des faiblesses, son QI Paintball était à développer, son endurance physique ne lui permettait pas de tenir un tournoi entier, son mental était un de ses gros points faibles, il pouvait facilement se retrouver en larme en plein milieu d’un match.
Axel a pris chacun de ces points et il a développé ces compétences afin de devenir le joueur complet qu’il est aujourd’hui.
Baller! (Et bravo à toute sa famille qui l’ont aidé à se construire et à devenir ce qu’il est)
Fabrice « Tavarez » Colombo, le numéro un du hall of fame indiscutable. J’ai eu la chance de jouer 4 saison complètes avec Tava dont deux USA & Europe (2014 et 2015).
Tava, comme dirait des rappeurs mythiques de Marseille : « cherche vraiment pas à comprendre, faut qu’tu vois ça, qu’tu l’vives, les jeunes vont surprendre… »
Tava c’est un don de la nature, Tava c’est Leo Messi, ça ne s’explique pas, ça se regarde avec admiration.
Déjà pour l’être humain qu’il est, Tava m’a beaucoup inspiré. Issu d’une famille modeste, par la force de son travail et par sa passion il a réussi à vivre quelque chose que peu de gens ont la chance de vivre. Son parcours est exemplaire, il est à montré à tous les jeunes qui se lancent dans la vie. Puis, plus tard, il a décidé qu’il ne voulait plus être sur le chantier et qu’il voulait une qualité de vie meilleure, alors il a travaillé dur et il a réussi. C’est un humble bosseur qui arrive là où il a décidé d’aller.
Par ailleurs Tava c’est quelqu’un qui a une grande générosité et qui ne met jamais sa personne en premier, il a aidé beaucoup de monde dans le milieu du Paintball et c’est très respectable.
Tava c’est la joie de vivre à l’état pur, c’est un plaisir d’être à côté de lui car on sait qu’on va passer un bon moment et qu’on va avoir le smile!
Sur le terrain c’est autre chose, Tava c’est un prodige, c’est le Oliver Lang français, je m’explique : Une technique non conventionnelle (pour rester poli :p) et de la magie. Une vision de jeu fabuleuse, un QI Paintball de surdoué, un équilibre très développé. Malgré une technique particulière et bien à lui, Tava fait un énorme travail de placement avec ses jambes. Les gens sont souvent concentrés sur le haut du corps mais si vous regardez Oliver ou Tava, regardez les jambes! Les appuis sont toujours au bon endroit, un excellent équilibre et une très bonne gymnastique de son corps.
Avec ça vous rajoutez un joueur créatif qui a un timing de gunfight exceptionnel et vous avez le joueur que vous connaissez. Etre à ses côtés sur un terrain quand il est en forme c’est comme jouer avec Messi au Football, c’est que du bonheur.
Un petit mot sur Pascal « La hyène » Hausser qui m’a beaucoup complimenté donc je vais dire ce que je pense de lui en tant que coach, chose que je n’ai jamais faite car vous connaissez l’énergumène, vous avez envie de tout sauf de le complimenter. 🙂


Dans ma carrière j’ai été coaché par 3 différents entraineurs, un chez RL, un chez X-Factor et un chez TonTon. (Chez ICON, Job était joueur et coach donc je ne peux pas le compter comme coach). Pascal a été le meilleur coach que j’ai eu (de loin) et je pense qu’il fait partie des meilleurs coachs du monde. Les seuls coachs que je peux imaginer meilleurs que lui c’est Rusty Glaze ou Yachimec / Bains mais je demande à voir.
J’ai été très déçu du coaching que j’ai eu en tant que joueur chez RL et X-Factor, j’avais même envoyé un courrier à la direction de RL pour dire que je trouvais ça honteux (XD). Les autres coachs que j’ai eu ne me servaient à rien, ils me disaient des banalités du genre « stay alive and play smart ». Le genre de chose qui ne me sert à rien, voire qui a tendance à m’énerver. Pire encore, chez RL, je pouvais faire 4 points fantastiques d’affilés où je prenais des risques, ou j’engageais des gunfights et o j’avais beaucoup de réussite, puis le 5ème je mourais dans un gunfight et le coach venait me voir en me demandant pourquoi j’étais mort dans un gunfight.

Pascal quand à lui est un coach qui ne communique pas beaucoup avec ses joueurs, parfois pas assez à mon goût, mais c’est un coach qui est quasiment toujours pertinent. Les informations qu’il peut te donner sont smart, vérifiées, profondes.
Pascal n’est pas un coach qui a le nez dans des plans de terrain pendant les matchs à chercher la solution miracle, il est au bord du terrain, il regarde ce qu’il se passe, froidement, et il réfléchit.
Pascal est capable de prendre des décisions radicales et de réellement influencer le cours du jeu tandis que la plupart des coachs que j’ai connu n’en étaient pas du tout capables. Pascal est un compétiteur obsessionnel, et c’est souvent la seule option pour atteindre l’excellence. Quand il fait face à un obstacle il va s’obstiner et revenir avec la solution. Il a un QI Paintball très développé, il est passionné de sport et ça se voit.
Pascal et moi avions régulièrement des échanges, parfois en désaccord, mais cela venait de notre envie de gagner et cela venait du fait que nous avions tous les deux de fortes convictions, je le challengeais en tant que joueur avec des idées, il prenait la décision finale et je l’acceptais (souvent 🙂 ). Pascal est de loin le coach qui a tiré le meilleur de moi en tant que joueur.
Pascal est un des meilleurs coachs mais il a d’après moi une immense courbe d’apprentissage devant lui. Pascal c’est un peu Philippe Lucas, il te fait rire et t’agace, un peu des deux en même temps. Mais il est encore très loin de ses résultats je pense.
Le point sur lequel il a le plus de marge de progression d’après moi c’est l’interaction entre humains. Il est capable de se mettre tout le monde à dos pour défendre une idée à la con, juste par principe, il est capable de se mettre beaucoup de gens à dos, juste pour faire le con. Parfois il se prend pour Mourad Boudjellal et veut être la star au lieu de laisser ses joueurs être les stars. Parfois il manque de tact, parfois de morale ou d’honneur.
Il a le potentiel pour être un grand entraineur mais il doit sortir de son bocal, enfin ça c’est mon avis. 😉
Sur ces dernières notes de critiques, de compliments et de nostalgie, je vous remercie de m’avoir lu.