Au revoir capitalisme

Vous allez me dire : le gars ne parle que de sa gueule.
Je vous répondrai : oué mais c’est mon skyblog donc laissez-moi faire mon auto-thérapie tranquille, et si vous lisez jusqu’au bout, il est peut-être temps de faire la votre. 😉

En 2013, quand je prends pseudo consciemment la voix de l’entreprenariat, c’est la conséquence de plusieurs choses :

1- c’est ma réaction face à mon incapacité à m’intégrer dans les espaces professionnels qui me sont destinés à la suite de mes études dans une école de commerce. J’ai réussi à fuir ce monde institutionnel pendant mon cursus. Cette fois ci c’est le grand saut.
Incapable surement car je n’ai jamais eu aucuns repères dans ces espaces. Ma famille a toujours eu une situation assez marginale par rapport à ce monde là.

2- Ma carrière de joueur de Paintball est en train de s’accélérer et on me demande 4 mois de mon année pour pratiquer. Quasiment impossible de trouver un job traditionnel. D’ailleurs j’ai toujours cité cette « excuse » comme « la raison principale de la création de DROM »

3- J’ai très mal vécu l’ensemble de ma scolarité. Je suis un compétiteur et j’avais du mal à accepter de ne pas être bon dans le système scolaire.
J’ai toujours eu du mal avec l’ordre et l’autorité.
J’ai toujours été complexé des gens meilleurs que moi à l’école et l’entreprenariat c’était la possibilité de me « venger ». La possibilité de me prouver à moi même que je vaux autant qu’eux, voire plus.
Ce troisième point peut paraître malsain, et je pense qu’il l’est dans un sens. Je pense aussi qu’il a été un moteur incroyable pour moi. Je suis content de me dire que je suis en train de faire le deuil de cette vengeance et de la transformer en énergie positive pour construire quelque chose qui me passionne.

2019 a été une année excellente pour la société. Une année de forte croissance, une année de sérénité et de pérennité.
Ça a donc été pour moi l’occasion de prendre du recul et de réfléchir à tout ça.
En chiffre :
– 812K de CA HT en 2019 (510K en 2018)
– 14 salariés pour ce début 2020
– Société rentable
– 82% de CA dans le CrossFit, 15% dans l’Esport

J’ai toujours affiché une ambition démesurée et légèrement délirante. Ça vient de mon côté compétiteur mais aussi de cette soif de vengeance. « Je vais leur en mettre plein les yeux ». En tout cas c’est ce que je pense avoir réalisé en 2019.

Du coup ça m’amène à penser qu’il faut que je rectifie cette motivation. Ça m’amène à penser que je n’ai pas envie de leur en mettre plein les yeux, de leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre, mais plutôt de faire ce que j’ai envie sans me soucier du regard des autres.

Il y a un autre sujet qui m’a toujours intéressé et sur lequel j’ai pris le temps de me renseigner et de travailler :
Les modes de productions de nos sociétés modernes ainsi que leur répartition de richesse sous-jacente.
J’ai la chance d’avoir des frères brillants qui sont des puits infinis de science et de réflexion.
Ces derniers m’ont aidé à me remettre en question sur le mode de production capitaliste que j’avais naturellement choisi par manque d’appropriation du sujet.

Si on se fit à Frédéric Lordon, philosophe et intellectuel français, le mode de production capitaliste conceptualisé par Marx est le suivant:
« Le capitalisme est un rapport social qui se présentent sous 3 axes principaux :
1- Séparation des travailleurs et des moyens de la production 
2- Séparation des travailleurs avec les produits de la production 
3- La vocation lucrative de la propriété, c’est à dire, l’usage des moyens de production et de la force de travail en vu de l’accumulation profitable »

Il se trouve que je suis assez d’accord avec cette définition et il se trouve que je n’ai aucunement envie de me placer dans ce mode de production.
Je vois l’entreprise comme l’association de plusieurs personnes faisant ensemble, quelque chose qu’ils ne pourraient faire seuls.

Dans cette démarche j’ai fait la découverte d’un format de société beaucoup plus adéquat à ma vision de l’entreprise : la SCOP, société coopérative.
J’ai fait part à mes 4 associés-salariés de mon envie de transformer DROM en société coopérative, leur réponse a été unanimement positive.
Le 27 février 2020 aura lieu une assemblée générale extraordinaire qui aura pour objectif d’acter la transformation en SCOP et qui nous fera définitivement sortir du mode de production capitaliste.

J’ai toujours été un grand fan de ce que propose Nike qui est le leader mondial dans le textile sportif. J’ai lu plusieurs fois le livre de son fondateur Phil Knight, ceci étant dit j’ai toujours eu un problème avec le fonctionnement de cette entreprise.
Cela m’a permis d’analyser tout le dysfonctionnement d’un mode de production capitaliste traditionnel et de toutes les dérives qu’il peut créer.
Dans son livre, Phil nous raconte ses débuts avec Nike et sa passion pour l’athlétisme, son voyage au japon, on sent qu’on a affaire à un passionné, un vrai entrepreneur. Il raconte à plusieurs reprises qu’il souhaite éviter d’avoir une prise de participation d’actionnaires privés chez Nike, mais finalement il craque. Il dit ensuite à plusieurs reprises qu’il veut absolument éviter la mise en bourse de Nike, mais finalement il craque.
Aujourd’hui c’est Mark Parker qui a la gérance de l’entreprise, cette dernière est maintenant grandement possédée par des fonds d’investissements privés.
Quand Mark Parker fait ses débriefs annuels, il parle de ratios financiers, il rassure les actionnaires et il leur explique comment il va maintenir une telle rentabilité.
Phil Knight, lui, préférait nous raconter en 10 pages comment Steve Prefontaine, légende de l’athlétisme américain pouvait retourner une foule entière lors d’un 1600m.

StevePrefontaine

Dorénavant c’est la finance privée qui décide, et de par sa condition, la finance privée ne peut penser, elle ne peut avoir d’idées ou de convictions.
Le seul indicateur que ces fonds d’investissements privés affectionnent c’est la rentabilité par action.
Si un t-shirt doit faire une fois de plus le tour du monde pour faire gagner un peu de rentabilité, il le fera.
Si on doit payer encore moins les réels faiseurs de ces magnifiques équipements, alors on le fera.
Tous les coups sont permis pour cette rentabilité, peu importe les conséquences sur les humains, sur le climat.
En parallèle, l’entreprise a évidemment les moyens de se payer les AS du marketing qui sortent des plus grandes écoles et qui nous vendent des campagnes de publicités incroyables sur l’égalité, la diversité. Les serviteurs du capital des temps moderne qui se soumettent, sans s’en rendre compte.
Tout ceci n’a ni queue ni tête et je me demande bien ce que le vieux Phil doit se dire, allongé dans son lit le soir.
Peut être quelques regrets. (J’espère)

Je vous suggère de vous renseigner sur le mode de production alternatif que propose la SCOP, je vous en propose un extrait ci-dessous :

Le choix de la forme de Société coopérative de production constitue une adhésion à des valeurs coopératives fondamentales :

la prééminence de la personne humaine ;
la démocratie ;
la solidarité et le partage.

Ce choix de Société, au plein sens du terme, suppose la mise en pratique des 5 principes suivants :

1er principe
Notre Société coopérative est composée en priorité de coopérateurs salariés qui développent en commun leurs activités professionnelles et leur indépendance économique. Dans notre cas, tous les salariés doivent être associés.

2ème principe
L’organisation et le fonctionnement de notre Société coopérative assurent la démocratie dans l’entreprise et la transparence de sa gestion. Chaque associé possède une voix de vote, indépendamment de la part du capital qu’il détient.

3ème principe
Pour notre Société coopérative, la recherche du profit économique reste subordonnée à la promotion et à l’épanouissement de ses coopérateurs salariés.
Le partage du résultat de notre Société coopérative assure une répartition équitable entre la part revenant aux salariés (25% du résultat annuel minimum), la part revenant au capital social (33% du résultat annuel maximum) et la part revenant aux réserves de l’entreprise. (16% au minimum).

4ème principe
Le patrimoine commun de notre Société coopérative est constitué de réserves impartageables permettant l’indépendance de l’entreprise et sa transmission solidaire entre générations de coopérateurs.

5ème principe
L’adhésion de coopérateurs salariés à notre Société coopérative les rend solidairement membres du mouvement des sociétés coopératives de production.

« Ils me demandent souvent combien j’ai de salariés.
Aucun, mais quelques précieux associés.
Ensemble on façonne une sauce bolognaise secrètement jalousée »

La bise des druides de Montpellier

KCOULM

Une réflexion sur “Au revoir capitalisme

  1. J’ai toujours aimé la façon de fonctionner de DROM. Mettant en avant la façon de penser de ses clients en avant et de se soucier de ses employés.
    Tu as mis un pavé dans la mare du capitalisme, j’en suis admiratif.
    Keep going l’ami. Road to 1M
    Soyez fière 🔥

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